- BOUDDHISME - Le Buddha
- BOUDDHISME - Le BuddhaOn donne le titre de Buddha , celui qui s’est «éveillé» à la Vérité, à un sage de l’Inde antique qui enseigna une méthode destinée à découvrir la réalité cachée derrière les apparences et à se libérer définitivement des illusions, des passions et de la douleur inhérente à toute forme d’existence.Pour lui, comme pour presque tous les Indiens, chaque mort est suivie d’une renaissance, mais il croit, en outre, que celle-ci est causée par le désir et déterminée par la valeur morale des actes précédemment accomplis. Celui qui veut briser la chaîne sans fin des existences successives et goûter alors la béatitude de l’«Extinction» (nirv ユa ) doit observer rigoureusement les règles de la morale et pratiquer assidûment diverses méthodes psychiques permettant, les unes de connaître clairement la Vérité, les autres d’épuiser progressivement les passions et de développer la sérénité.Une telle discipline ne peut être suivie que par des ascètes ayant renoncé à tous les plaisirs ou biens de ce monde et menant en communauté une vie austère. Celle-ci est réglée dans ses moindres détails par un code monastique dont les multiples articles ont été fixés par le Buddha pour assurer le bon ordre de la communauté des moines et permettre à chacun de ceux-ci d’avancer correctement sur la longue et rude Voie de la Délivrance.Presque tout ce qui peut nous aider à connaître la vie et l’œuvre du Buddha lui-même se trouve dans l’énorme masse des textes canoniques parvenus jusqu’à nous et appartenant à plusieurs sectes antiques. Malheureusement, les informations que nous en pouvons tirer y sont éparpillées et elles ont subi des altérations souvent importantes durant le demi-millénaire où ces textes ont été transmis par voie orale avant d’être fixés par écrit vers le début de l’ère chrétienne.Pour essayer de retrouver dans tout cela ce que furent vraiment la vie et l’enseignement du Buddha, il faut d’abord chercher à établir une stratification chronologique, au moins relative, entre ces innombrables textes, entre les éléments qui les composent et donc entre les informations qu’ils contiennent. Pour cela, deux méthodes principales sont employées aujourd’hui. L’une examine minutieusement l’état de la langue et celui de la métrique des ouvrages conservés sous leur forme originelle, en sanskrit ou en p li. L’autre compare en détail toutes les versions d’un même texte, en langue indienne et en ses traductions chinoises, tibétaines ou autres, et aussi celles des textes parallèles. Quoique ces deux méthodes aient déjà donné des résultats fort intéressants, elles n’ont encore pu être appliquées qu’à un petit nombre des milliers de textes canoniques conservés, dont l’énorme volume ne représente pourtant que la sixième partie de tous ceux qui ont existé jadis. C’est pourquoi notre connaissance de la vie et de l’œuvre du Buddha, et plus généralement celle du bouddhisme antique, est dans l’ensemble incertaine, plus ou moins probable selon les éléments qui la constituent.1. Sa vie et sa personnalitéBien qu’elle ait été niée autrefois, l’historicité du Buddha ne l’est plus aujourd’hui. On s’accorde, en outre, sur divers points importants de sa biographie, au moins provisoirement; certains indianistes proposent toutefois d’abaisser d’un siècle les dates acceptées par les autres.Le futur Buddha naquit vers le milieu du VIe siècle avant l’ère chrétienne dans la petite tribu des え kya, dont la principale ville était Kapilavastu, où il passa toute sa jeunesse. Des restes importants de cette bourgade ont été retrouvés récemment, juste au sud de la frontière indo-népalaise, à 225 km en plein nord de Bénarès. Sa famille était de caste guerrière (k ルatriya ) et appartenait à la lignée des Gautama. Peu après avoir atteint l’âge adulte, il quitta son foyer et devint ascète errant, sans doute à la suite d’un deuil cruellement ressenti. Pendant plusieurs années, il chercha la solution du problème de la douleur et de la mort, qui hantait son esprit, solution qu’il découvrit soudain, devenant ainsi un «éveillé» (buddha ). Quelque temps plus tard, dans un bois de la banlieue nord de Bénarès (aujourd’hui Sarnath), il prononça son premier sermon devant cinq ascètes dont il fit ses premiers disciples, fondant ainsi sa «communauté monastique» (sa face="EU Updot" 臘gha ). Il passa le reste de son existence à parcourir le bassin moyen du Gange en prêchant sa «doctrine» (dharma ), opérant de nombreuses conversions et organisant sa communauté de moines. Il mourut fort âgé, à Ku ごinagara (aujourd’hui Kasia, à 175 km au nord-ouest de Patna), où il avait fait halte au cours d’un long voyage à pied, vers 480 avant J.-C. Il entra alors dans l’insondable et définitive paix de l’« Extinction complète» (parinirv ユa ).Les récits les plus sobres en éléments légendaires peignent le Buddha comme un homme d’une grande noblesse de caractère, toujours maître de lui, plein de sagesse et de bon sens, libre de tout préjugé, à la fois énergique et doux, très accessible à la bonté et à la pitié; en résumé, ils le présentent comme un personnage fort attachant et digne de respect. Ces textes le désignent par son nom de lignée, Gautama, mais plus souvent par les titres de Buddha, de «Bienheureux» (bhagavant ) ou de «celui qui est allé à la Vérité» (tath gata ). Le titre de え kyamuni (ascète des え kya) n’y apparaît qu’assez rarement. Quant au surnom de Siddh rtha («celui qui a atteint son but»), dans lequel certains ont voulu voir le nom propre du Buddha, il est ignoré des textes anciens et n’est donc qu’une invention tardive.2. La doctrine primitiveIl est très difficile de déceler ce qui, dans les milliers de «sermons» (s tra ) attribués par la tradition au Buddha, lui appartient vraiment, quelles sont ses idées et celles de ses disciples. En examinant l’ensemble des s tra et en comparant entre elles les diverses versions, on atteint cependant un fond doctrinal commun qui doit représenter la pensée du Buddha ou, du moins, celle de ses tout premiers adeptes.Cette doctrine primitive repose sur un double postulat: tous les êtres vivants transmigrent sans fin d’une existence à une autre, passant par les états d’homme, de dieu, d’animal, de revenant affamé et de damné. C’est en fonction de leurs actes antérieurs qu’ils transmigrent ainsi: ceux qui ont accompli de bonnes actions renaissent sous d’heureux auspices, ceux qui ont accompli de mauvaises actions sont promis à une vie pénible. Le premier postulat était accepté par presque tous les Indiens dès avant l’époque du Buddha, mais le second, qui donne au mécanisme de la rétribution automatique des actes un caractère moral, fut peut-être imaginé par le Bienheureux lui-même.L’essence de la doctrine primitive est contenue dans les quatre «saintes Vérités» ( rya-Satya ) qui auraient été définies dans le fameux premier sermon, prononcé à Bénarès: la Vérité de la douleur; la Vérité de l’origine de la douleur; la Vérité de la cessation de la douleur; la Vérité de la Voie qui mène à la cessation de la douleur.Tout est douleur: la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, le chagrin, les tourments, l’union avec ce que l’on déteste, la séparation d’avec ce que l’on aime, le fait de ne pas obtenir ce que l’on désire. Nul être n’échappe à la douleur, même pas les innombrables dieux, dont l’existence pleine de bonheur et extrêmement longue aura, elle aussi, une fin.Tout ce qui existe, êtres vivants et choses inanimées, est composé d’éléments de durée limitée et est vide de tout principe personnel et éternel, analogue au «soi» ( tman ) du brahmanisme ou au «principe vital» (j 稜va ) du jaïnisme. Certains indianistes s’élèvent contre l’attribution au Bienheureux de cette négation du soi, mais il est bien clair que, dès avant l’ère chrétienne, les docteurs de toutes les sectes bouddhistes s’accordaient au contraire pour en faire l’une des bases principales de l’enseignement du Buddha. De plus, tout est impermanent, apparaît un jour, déterminé par des causes multiples, se transforme sans cesse et périt inéluctablement. La douleur est étroitement liée à cette absence de soi et à cette impermanence, et c’est pourquoi elle est inhérente à toute existence. De même que l’individu est privé de principe personnel, le monde est vide d’un Dieu éternel, créateur et omnipotent, source de salut.L’origine de la douleurLa douleur a pour origine la «soif», c’est-à-dire le désir, qui s’attache au plaisir et accompagne toute existence; elle mène à renaître pour goûter encore des voluptés trompeuses. Cette soif est elle-même produite par un enchaînement de causes dont la première est l’ignorance, plus précisément l’ignorance de cette réalité que le Buddha a découverte et qu’il révèle à ses disciples.La soif et l’ignorance engendrent les trois «racines du mal», qui sont la convoitise, la haine et l’erreur, d’où naissent à leur tour les vices, les passions et les opinions fausses. Tous ceux-ci poussent l’être à agir et à se laisser ainsi entraîner par le mécanisme de la rétribution des actes. Tout «acte» (karman ), bon ou mauvais, corporel, vocal ou seulement mental, s’il résulte d’une décision prise en pleine connaissance de cause, produit de lui-même, automatiquement et inexorablement, un «fruit» (phala ) qui «mûrit» peu à peu et retombe tôt ou tard sur son auteur sous la forme d’une récompense ou d’un châtiment correspondant à cet acte en nature et en importance. Cette «maturation» (vip ka ) de l’acte est plus ou moins longue, mais, comme sa durée dépasse souvent celle d’une vie humaine, elle oblige l’auteur à renaître pour recevoir sa rétribution.La cessation de la douleurLa cessation de la douleur, c’est la cessation de la soif, donc celle des trois racines du mal, convoitise, haine et erreur, leur «extinction» (nirv ユa ) totale, leur complet épuisement. Elle est atteinte ici-bas par les saints bouddhiques du degré le plus élevé, et à plus forte raison par le Buddha lui-même, qui continuent à vivre dans un état de sérénité imperturbable, définitivement à l’abri de la douleur, de la crainte, du doute. Lorsqu’ils meurent, ils ne renaissent plus nulle part et personne ne peut définir l’état de béatitude éternelle qu’ils atteignent au moment de leur «extinction complète».La Voie (M size=5rga) qui mène à la cessation de la douleurLa Voie de la Délivrance est la «Sainte Voie aux huit membres»: opinion correcte, intention correcte, parole correcte, activité corporelle correcte, moyens d’existence corrects, effort correct, attention correcte et concentration mentale correcte. Chacun de ces «membres» doit être visé au moyen de diverses méthodes, dont la première est une bonne conduite morale consistant dans l’abstention rigoureuse de toute mauvaise action, à commencer par le meurtre, le vol, la luxure, le mensonge et la consommation des boissons enivrantes.Les autres méthodes visent à vaincre l’ignorance par l’examen approfondi des réalités et à supprimer les passions par l’apaisement de l’esprit. Elles comprennent toutes sortes d’exercices psychiques dont les principaux appartiennent au type des «méditations» (dhy na ) et qui doivent être pratiqués longuement chaque jour. En concentrant la pensée sur certaines idées ou images, et en l’y fixant, on parvient peu à peu à transformer l’esprit, à se convaincre de la vérité des différents articles de la doctrine, à se débarrasser des illusions, des opinions fausses et des vains raisonnements, à développer les vertus salutaires, à faire disparaître les mauvaises habitudes nées des passions, à déraciner celles-ci et à goûter enfin une parfaite sérénité, au-delà du plaisir et de la douleur, de la joie et de la tristesse, en demeurant complètement indifférent aux vicissitudes de ce monde. Bien que parfois empiriques et même empruntés aux ascètes indiens adeptes d’un pré-yoga, ces exercices ne sont pas pour autant irrationnels et inefficaces. Ils s’apparentent aux exercices spirituels des religieux chrétiens et à certaines méthodes de la psychiatrie moderne.Grâce à eux, le saint bouddhique peut attendre d’avoir reçu les dernières rétributions de ses actes passés, durant une suite d’existences relativement courte, tout en n’accomplissant plus la moindre mauvaise action et en faisant le bien avec un tel détachement qu’il ne peut plus produire de fruits qui l’enchaîneraient à de nouvelles existences.3. La communauté primitiveDe telles méthodes exigent une discipline sévère qui ne peut être pratiquée par des hommes vivant dans des conditions ordinaires, soumis à de multiples tentations et à toutes sortes d’obligations familiales, professionnelles et autres, qui les absorbent. Les vrais disciples du Buddha doivent donc, comme leur maître, quitter leur foyer pour mener la vie austère d’ascète errant, de moine «mendiant» (bhik ルu ), et se plier aux nombreuses règles fixées par le Bienheureux. Ainsi leur progression sur la Voie de la Délivrance s’effectuera dans les meilleures conditions.Le Bienheureux proscrit les austérités inutiles, tortures et mutilations que s’infligent certains ascètes indiens, mais il impose à ses disciples une existence fort rude. Leurs cheveux et leur barbe entièrement rasés, leurs vêtements faits de haillons ramassés dans les ordures ou les charniers, teints en ocre jaune et cousus ensemble, les moines mendient le peu de nourriture dont ils ont besoin, ne prennent qu’un seul repas par jour, avant midi, et dorment au pied des arbres ou dans des cavernes. Ils doivent voyager sans cesse, à pied, d’un village à un autre, pendant les trois quarts de l’année, pour répandre la doctrine salvatrice du Buddha. Ils ne doivent pas omettre pour autant de se livrer chaque jour, durant de longues heures et fort avant dans la nuit, en des endroits retirés et calmes, aux exercices psychiques qui ont pour but de les conduire à la Délivrance.Pendant les trois mois de la «saison des pluies» (var ルa ), les moines font retraite par groupes dans des huttes ou dans des grottes; ils reprennent ensuite leur vie errante. Deux fois par mois, les soirs de la pleine et de la nouvelle lune, ils se réunissent, prêchent la doctrine aux laïcs puis se confessent entre eux et récitent un résumé du code pénal monastique auquel ils sont soumis. À l’origine, il n’existe aucun culte, le Buddha et ses saints disciples recevant seulement les hommages et les offrandes que l’usage oblige à présenter à toutes les personnes vénérables.Les moindres détails de l’existence des moines, jusqu’aux dimensions des vêtements et des huttes, la façon de manger et de marcher, sont réglés avec précision par le Bienheureux. Tous les manquements, même les plus infimes, sont punis selon leur gravité après une instruction et un jugement conformes à une procédure bien définie, qui pèse soigneusement la responsabilité de l’accusé. Règles, châtiments et procédure sont consignés dans un code monastique que les disciples doivent connaître à l’égal des sermons doctrinaux prononcés par leur maître.Les moines ne pouvant pratiquer aucune activité productrice de biens matériels ni louer leurs services pour accomplir un travail profane, leur subsistance dépend entièrement de la bonne volonté des «fidèles laïcs» (up saka ). Ces derniers doivent observer les principales règles morales enseignées par le Bienheureux et donner régulièrement aux religieux bouddhiques la nourriture et les quelques objets dont ceux-ci ont besoin. En agissant ainsi, ils font leurs premiers pas sur la Voie de la Délivrance et espèrent que les fruits de leur générosité les aideront à mieux avancer sur celle-ci dans leurs prochaines existences. Dès leur vie présente, ils reçoivent avec attention et respect le «don de la doctrine» que les moines leur font, en échange de leurs aumônes.4. Les origines du culte bouddhiqueCe respect que les fidèles laïcs éprouvent envers les moines est mêlé, conformément aux vieilles croyances indiennes, d’admiration et d’une certaine crainte, dues aux pouvoirs surhumains attribués aux ascètes et résultant des austérités qu’ils s’infligent, comme de leur pratique des méditations et des exercices analogues. À l’égard du Bienheureux, ce respect devient de la vénération, sa sainteté étant jugée très supérieure à celle de ses disciples. Après le parinirv ユa du Buddha, il s’y ajoute le vif regret laissé par sa disparition, la tristesse de ne plus pouvoir profiter de ses conseils ni de la protection que ses pouvoirs prodigieux devaient assurer à ses fidèles.Certes, en «s’éteignant complètement», le Buddha a rompu définitivement toutes relations avec ce monde et les êtres qui y vivent; il ne peut donc recevoir ni même connaître les marques de vénération qui lui sont adressées, ni non plus remercier dûment leurs auteurs. Celles-ci ne sont pourtant pas vaines, car ce sont toutes de bonnes actions, corporelles, vocales et aussi mentales, dont la maturation produira tôt ou tard des fruits d’autant plus agréables et importants que celui qui en est l’objet est un homme d’une sainteté extraordinaire. Quand le souvenir du Buddha réel se sera estompé dans les brumes du passé et que la légende aura considérablement magnifié sa personne, cette vénération se justifiera davantage encore et deviendra même un véritable culte: dès la fin du IVe siècle avant J.-C., semble-t-il, les disciples élèveront leur maître au rang suprême, au-dessus des dieux et des hommes.Faute de pouvoir être dirigé vers sa personne vivante, présente, le culte rendu au Bienheureux prend d’abord pour objets concrets les restes de son corps, ou supposés tels, puis les «tumulus» (st pa ) censés contenir ces reliques et les endroits où se seraient produits les principaux événements de sa vie. Ainsi va-t-on se recueillir devant les arbres ou les bouquets d’arbres à l’ombre desquels le Buddha serait né, aurait atteint l’Éveil, aurait prononcé son premier sermon, se serait enfin éteint complètement. De là proviennent deux caractéristiques majeures de la religion bouddhique: le culte des reliques et les pèlerinages aux lieux saints. Un peu plus tard, la vénération des fidèles s’adressera, en outre, à des symboles représentant le Bienheureux, qu’on n’ose encore figurer sous forme humaine pour des raisons fort obscures: empreintes de pieds, trône, figuier de l’Éveil, tumulus. C’est seulement vers le début de l’ère chrétienne que l’on commencera à sculpter des statues et des bas-reliefs du Buddha, dans la région de l’actuelle Kaboul et sous l’influence de la civilisation hellénistique alors encore vivante en ces lieux.Quel que soit l’objet représentant ou rappelant à l’esprit la personne du Bienheureux – reliques, tumulus, arbre, symbole ou statue –, le culte est partout le même dans ses grandes lignes. Il comprend d’abord des gestes et attitudes de vénération: salut des deux mains jointes élevées à la hauteur du front incliné, prosternation, circumambulation en gardant à sa droite l’objet vénéré. À cela s’ajoutent des offrandes variées: fleurs, notamment de lotus divers, encens, onguents et poudres parfumés, parasols, bannières, lampes allumées, parfois aussi boissons et aliments végétaux, le Buddha ayant proscrit tous les sacrifices d’êtres vivants. Les chants de louanges au Bienheureux, la récitation de poèmes édifiants et de textes liturgiques exprimant les résolutions et les souhaits des fidèles, l’exécution d’airs de musique et parfois aussi de danses complètent les manifestations du culte bouddhique. Celui-ci s’est inspiré très largement du culte rendu aux divinités brahmaniques, lequel copiait lui-même celui dont les rois étaient l’objet dans l’Inde ancienne.5. La légende du BuddhaTelle qu’elle est contée dans les recueils canoniques et plus encore dans les ouvrages postérieurs, la biographie traditionnelle du Buddha est essentiellement légendaire et vise surtout à glorifier celui-ci. Elle est constituée autour de trois noyaux indépendants, qui furent réunis après le début de l’ère chrétienne en une seule biographie, et celle-ci fut progressivement complétée par l’adjonction de nombreux autres récits.Le premier de ces trois noyaux conte la jeunesse du futur Buddha depuis sa naissance jusqu’à son abandon de la vie laïque. En fait, il s’agit là d’une légende tissée autour de la personne d’un de ses fabuleux prédécesseurs, nommé Vipa ごyin, avec toutes les ressources de l’imagination des anciens Indiens, mais on a simplement recopié ce conte vers le début de l’ère chrétienne en remplaçant Vipa ごyin par Gautama. Cela fut facilité par le fait que seuls de très rares souvenirs avaient été gardés de la jeunesse du Bienheureux.Le deuxième noyau se rapporte vraiment, lui, à la vie de ce dernier, bien que les détails merveilleux y abondent à côté des éléments vraisemblables, dont quelques-uns paraissent historiques. Il a pour axe l’Éveil, mais il conte aussi les efforts accomplis par le jeune ascète Gautama pour atteindre ce but et divers événements qui auraient eu lieu après qu’il fut devenu un Buddha, notamment le sermon dit «de Bénarès» et les premières conversions à Uruvilv (aujourd’hui Buddh-Gaya, à 100 km au sud de Patna), où la tradition situe l’Éveil, et dans la région voisine.Le troisième noyau, contenu dans le long et célèbre Mah parinirv ユa-s tra , a pour sujet principal l’«Extinction complète» du Bienheureux. Il conte en détail le dernier voyage du Buddha de R jag リha (l’actuel Rajgir, à 70 km au sud-est de Patna) à Ku ごinagara, la mort du maître à cet endroit, ses funérailles solennelles, semblables à celles d’un roi très puissant, et le partage de ses ossements entre plusieurs groupes de dévots laïcs venus les réclamer, les armes à la main. Les éléments vraisemblables, en particulier les sermons, y sont nettement plus nombreux que les autres, bien que leur historicité soit presque toujours pour le moins douteuse. Cependant, les récits de prodiges n’en sont pas absents, notamment pour ce qui touche aux funérailles, dont ils soulignent fortement la solennité.La légende du Buddha ne se limite pas au récit de sa dernière existence. Très tôt, dès avant A ごoka, ses dévots imaginèrent ce qu’avaient été ses vies antérieures et les exploits qu’il y avait accomplis, actions hautement méritoires dont la maturation lui avait permis d’atteindre l’Éveil beaucoup plus tard. Pour cela, ils n’hésitèrent pas à puiser dans la vaste collection des contes populaires et des légendes royales, en les adaptant aux besoins de l’édification bouddhique. Les héros de ces contes étant souvent des animaux, cela permettait de montrer que, même quand il était re-né dans le corps d’un singe, d’un éléphant, d’un oiseau, d’une tortue, etc., le futur Buddha, le Bodhisattva, avait pratiqué à la perfection les grandes vertus de bonté, de compassion, de patience, de renoncement, d’énergie, de sagesse, etc., sans hésiter à sacrifier sa propre vie à l’occasion. Ainsi se constitua très vite un ensemble de plusieurs centaines de récits contant les «naissances» (j taka ) antérieures du Bienheureux Gautama, qui jouirent d’une très grande popularité; celle-ci s’est maintenue jusqu’à nos jours.Cette popularité des J taka et celle, équivalente, de la biographie légendaire du Buddha contribuèrent certainement, pour une large part et très tôt, à la glorification du Bienheureux. Celui-ci fut regardé par ses fidèles émerveillés comme un être incomparablement supérieur à tous les autres, aux dieux comme aux hommes, disposant de pouvoirs prodigieux bien plus grands que ceux des premiers, et tout particulièrement de l’omniscience. Par voie de conséquence, la ferveur avec laquelle furent accueillies ces deux sortes de légendes apporta un soutien massif au culte dont le Buddha était l’objet et qui se développa très rapidement au cours des trois ou quatre derniers siècles avant l’ère chrétienne.
Encyclopédie Universelle. 2012.